Les cantons suisses estiment que le vote électronique répond à un besoin croissant de la population. En sa qualité de prestataire de service public, la Poste prend en compte ce besoin concernant un troisième canal de vote. La Poste est active dans le domaine du vote électronique depuis 2014. Son système précédent a fonctionné avec succès dans les cantons de Thurgovie, de Neuchâtel, de Bâle-Ville et de Fribourg jusqu’en 2019. Depuis l’été dernier, la Poste travaille à la conception de son nouveau système.
À l’automne 2019, la Poste et son ancien partenaire technologique Scytl ont entamé les négociations. En avril 2020, la Poste a finalement repris tous les droits liés au code source qui sont nécessaires à la poursuite du développement de manière indépendante. «Grâce à cette décision, nous pourrons à l’avenir proposer aux cantons une solution entièrement élaborée en Suisse pour la Suisse», déclare Claudia Pletscher, responsable Développement et innovation à la Poste.
En poursuivant le développement de façon indépendante, la Poste crée les conditions lui permettant, en sa qualité d’entreprise liée à la Confédération, de prendre en compte, lors du développement, les nombreuses particularités fédérales de la Suisse et de répondre encore mieux aux exigences spécifiques élevées à l’égard d’un système de vote électronique suisse. Au travers de cette mesure, la Poste montre par ailleurs qu’elle a compris les réserves exprimées vis-à-vis du rôle des fournisseurs étrangers lors du débat public sur le vote électronique.
La Poste prévoit de proposer, au-delà du vote électronique, une gestion simple, sûre et fiable des informations numériques. Or elle ne pourra y parvenir que si la cryptographie devient l’une de ses compétences clés. Pour le développement de son système de vote électronique, la Poste mise sur son site informatique établi de longue date à Neuchâtel, dont elle a progressivement étendu les compétences en la matière.
La Poste développe le système de vote électronique de façon indépendante, mais elle ne fait pas cavalier seul pour autant. Au contraire: elle renforce la collaboration avec les hautes écoles spécialisées et les universités en Suisse, ainsi qu’avec différents experts suisses. En outre, elle implique étroitement la communauté informatique. «Nous souhaitons rendre l’examen critique du système aussi simple que possible pour les experts indépendants afin de leur permettre de signaler d’éventuelles améliorations», explique Denis Morel, responsable Vote électronique à la Poste.
La Poste publiera le code source de manière continue, itérative et traçable. Elle accorde en outre une grande importance à la transparence. Par le biais de différentes mesures de transparence, la Poste souhaite maximiser, étape par étape, la sécurité du système de vote électronique:
La Poste escompte qu’au cours de l’année 2021, le nouveau système aura atteint un stade de développement tel qu’il répondra pleinement aux exigences de la Confédération et sera opérationnel pour les cantons. Les cantons seront seuls à décider si et à partir de quelle date ils souhaitent proposer le vote électronique à leur corps électoral. Le nouveau système de vote électronique de la Poste sera le premier en Suisse dont les votes seront entièrement contrôlables (vérifiabilité universelle).
Loin de relever du hasard, le fait que la Poste mise sur le thème du vote électronique est en quelque sorte inscrit dans le «code génétique» de l’entreprise. Depuis plus de 170 ans, la Poste est tenue au secret des lettres. Avec le système du vote électronique, elle transfère celui-ci dans le monde numérique et répond ainsi à un besoin de la population. C’est d’ailleurs ce que la Poste fait déjà depuis des années avec succès dans d’autres domaines, par exemple avec le service de chiffrement des e-mails IncaMail, l’ancienne solution SuisseID ou dans le secteur du trafic des paiements.